mercredi 6 juin 2012

Le rationnement



Le rationnement

  Conséquence directe de l'occupation allemande et de l'arrêt des échanges commerciaux, la France connaît, dès 1941, une période de pénurie qui va déboucher sur la mise en circulation de cartes de rationnement. 
  La guerre va durer jusqu’en 1945. C’est une période difficile pour tous. Il n’y a plus assez de nourriture, de charbon pour le chauffage, de cuir pour les chaussures et de tissus pour les vêtement








 

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    La guerre va durer jusqu’en 1945. C’est une période difficile pour tous. Il n’y a plus assez de nourriture, de charbon pour le chauffage, de cuir pour les chaussures et de tissus pour les vêtements


a. La nourriture

    Rapidement, beaucoup de produits de première nécessité manquent. La pénurie a plusieurs origines : la guerre a interrompu les échanges avec les pays étrangers et les colonies françaises. L’Angleterre toujours en guerre puis les Etats-Unis, en décembre 1941 exercent un blocus maritime sur l’Europe continentale. Les échanges entre régions sont désorganisés. 

     Comme dans toute période troublée, le commerce fonctionne mal. Ceux qui détiennent des marchandises les cachent (comme l’exemple d’un charcutier qui avait caché un cochon dans son lit, une information parue dans la tribune de l’Est, semaine du 13 au 19 décembre 1942). En 1940, les mairies distribuent chaque mois des tickets d’alimentation que les habitants doivent remettre aux commerçants en échange de marchandises. 

     Les quantités varient selon les besoins estimés de la population répartie en 11 catégories : depuis E (enfants de moins de 3 ans), à V (personnes de plus de 70 ans), en passant par J1 (jeunes de 3 à 6 ans), J2 (6 à 13 ans), J3 (13 à 21 ans)et A (adultes de 21 à 70 ans). Les travailleurs de force et le femmes enceintes ou qui allaitent ont droit à des rations supplémentaires (exemple de rationnement : en 1938, un adulte consomme en moyenne 3,4 kg de bœuf par mois ; en mai 1941, un adulte A n’a le droit qu’à 350g par mois et en 1943, à 260g par mois). Les quantités prévues, déjà faibles au départ, diminuent au cour des années ; en Avril 1943, la ration de viande est de 120g par semaine, à défaut d’autres légumes, on mange du rutabagas ou du topinambour. Les habitants des villes n’ayant pas d’amis ou de famille à la campagne et ceux qui n’ont rien à échanger souffrent beaucoup. 

     Il faut se débrouiller pour améliorer l’ordinaire. On faisait d’immenses queues devant les magasins, tout le monde essayait de se débrouiller en échangeant des marchandises, en allant à la campagne, trouvant des produits de ressemblance ( glands pour faire du café). En pleine ville certaines familles élevaient même des lapins et des poules dans les cours.


b. Le chauffage

     Le charbon est utilisé en priorité pour les usines travaillant en Allemagne. Les tickets n’accordent que des quantités insuffisante, même si on ne chauffe qu’une seule pièce et les hivers de cette période ont été très rigoureux.


c. Les vêtements

     Des tickets ou bons sont nécessaires pour obtenir tissus, vêtements, laine, chaussures. On fait durer ce que l’on a, on réutilise les vêtements, les lainages usagés. On recousait et réparait les habits. Les chaussures représentent un gros problème. Le cuir est rare, il est réquisitionné pour l’armée allemande. Pour renouveler les vieilles chaussures on appliquait des semelles de bois fixées par des clous ; on fabriquait également des spartiates avec des semelles de bois et des lanières de cuir et de vieilles courroies. L’industrie fabrique même des chaussures à semelles de bois articulées. Les chaussures étaient parfois taillées dans les pneus de voiture. 

     Le savon est un produit rare, l’approvisionnement en oléagineux venus d’Afrique est interrompu ; on fabrique à la maison du savon avec toute sorte d’huile ou de graisses impropres à la consommation. Alors les femmes ont repris leurs bonnes vieilles traditions : la lessive aux cendres de bois, le savonnage au saponaire (plante qui pousse le long des talus).


d. La circulation

     Les habitants des villes utilisent le train pour aller au ravitaillement dans les environs, la fréquentation de la gare de Toury (Eure-et-Loire) par exemple, passe de 700 voyageurs mensuels avant la guerre à 12 000 en 1943. Les trains de voyageurs sont peu nombreux et toujours bondés. Une bonne partie du matériel roulant de la SNCF a été réquisitionné par les Allemands. Pour rouler en automobile, pendant l’occupation, il faut des bons d’essence accordés, en priorité, aux professionnels pour qui l’automobile est indispensable. 

     Pour faire transporter des malades, par exemple, il faut obtenir de la mairie, des bons d’essence. Des artisans et des industriels ont équipé leurs voitures de gazogènes , ce qui implique tous les 3 ou 4 jours la fournée de charbon. Les bicyclettes sont très utilisées, leur nombre en France, passe de 8 320 000 en 1939 à 10 712 000 en 1944. Mais les pneus et les chambres à air font défaut. La réparation des pneus usés relève du système D (comme débrouille). On utilise par exemple des morceaux de vieux pneus ou des morceaux de cuirs placés entre la chambre à air et la partie trouée du pneu pour les vélos, des « emplâtres rivetés » sur les pneus de camions. 

     L’éclairage des rues est très réduit. La lumière des appartements ne doit pas être visible de l’extérieur dès le début de la guerre, le gouvernement avait pris des mesures de défense passive (camouflage des éclairages pour se dissimuler des avions ennemis). 

     Se déplacer n’est pas facile, en zone occupée, il ne faut pas être dehors pendant le couvre-feu généralement entre 22h et 6h. Les personnes appelées à se déplacer la nuit ont un laisser passer délivré par la Kommandantur. Les attroupements sont interdits et chacun peut être soumis à tout moment à une opération de contrôle : les rafles. Il faut pouvoir présenter ses papiers, vrais ou faux, à des policiers français, des soldats allemands ou des policiers de la Gestapo (organisme allemand s’occupant de police, de renseignements, de sûreté et de contre espionnage). Il faut particulièrement être en règle pour passer la ligne de démarcation par le train ou par la route. Les contrôles sont systématiques aux divers points de passage. Pour passer en fraude il faut le faire de nuit et avec l’aide de passeur c’est toujours une opération risquée. 

     Remarquons que certaines personnes ont profité de cette période pour s’enrichir, elles se procuraient des marchandises à bas prix qu’elles revendaient plus cher à ceux qui pouvaient payer ou qui en avaient grand besoin pour leur famille. 

   


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